Le Cahier
Je m’appelle Joséphine. Nous sommes le 1e mars 2015, j’ai 40 ans aujourd’hui, et hier soir, j’ai fêté ça avec mes amis.
Beaucoup d’entre eux savent que j’aime écrire. Depuis longtemps, et c’est plus fort que moi, voyez-vous, ce n'est pas un choix. Demandez à mes collègues, ils savent de quoi je parle, ils en font les frais régulièrement quand l’envie me prend d’écrire juste un mail.
J’ai ouvert beaucoup de cadeaux hier soir. De très beaux cadeaux. L’un d’entre eux est un très joli cahier ligné. Pour écrire mes histoires.
J’aime écrire. J’adore ça même. J’ai un temps rêvé d’être publiée. Pas d’en vivre, non, juste un passe-temps comme ça, pour la gloire. Enfin, pour la gloire à l’intérieur de moi-même seulement, puisque dans mon rêve, personne ne devine vraiment que Joséphine, c’est moi. Evidemment, puisque Joséphine n'est pas mon prénom, je l’ai choisi haute comme trois pommes. Joséphine Christian. Les prénoms de mes parents. Dans mon rêve, donc, j’écris des histoires sous ce nom, comme ça, quand j’ai cinq minutes, pour me détendre, un peu comme quand j’ai le courage d’aller courir, et tout le monde les aime sans savoir que c’est moi qui les écris. Ce rêve est resté enfoui dans les méandres de mon cerveau, en totale léthargie, englué dans mon quotidien très banal, et surtout dans mon manque de détermination.
Et puis des événements choquants se sont produits en pleins vœux de nouvel an. Je ne vais pas m’étaler dessus. Mon père lisait Hara-Kiri, et les chats ne faisant pas des chiens, mon esprit a, en toute logique, grandi avec ceux qui sont morts ou pas ce jour-là.
Le « prouvez-le » de Luz quelques jours plus tard a provoqué un début de déclic. Je l’ai très clairement entendu et mon vieux rêve a tout doucement refait surface. Quelque peu modifié, certes, mais il me faisait toujours envie. Ben oui, quoi, qu’est-ce que j’attendais, au juste ? Je veux dire, j’ai ici la chance d’avoir le droit d’écrire, de donner mon avis sur ce que je veux et n’importe quoi d’autre, quand ça me chante, alors même que personne ne me le demande.
Alors, clairement, qu’est-ce que je foutais là les bras ballants ? N’était-il pas temps de sortir mes doigts d’un endroit que mon père, malgré ses lectures, m’a toujours empêcher de prononcer ?
Ce blog voit donc le jour. Pour partager des extraits de mon cahier-cadeau. C'est un compromis que j'ai fait avec moi-même, à défaut d'avoir suffisamment de talent pour être publiée autrement. Ainsi mes pulsions seront assouvies sans que personne n’en fasse les frais, sinon celles qui viennent volontairement lire jusqu’ici. Merci à vous d'ailleurs, de faire un détour par chez moi. Et merci à mes amies persuadées que je finirai effectivement par publier un truc ou un autre, sans savoir qu’en fait, peut-être, elles sont déjà en train de me lire...
Joséphine.
